De l’éditorial de Manfred extrait de la lettre bleue 1983 :
Chers
amis,
"Merci,
Seigneur, de me permettre de partager le sort de tant de pères de
famille au chômage : c’était la prière d’Agostinho le soir du 1er
juillet après ses 9 heures de boulot. Il venait de recevoir ses 8
jours ainsi que bien des copains du boulot". Claudio qui est
aussi au chômage, écrivait cela dans une lettre.
Le
chômage n’est pas seulement un poids qui pèse sur la vie des
équipes au Brésil. Encore pendant le mois de juillet, Guy de
l’équipe Noisy-le-Sec a été licencié 2 jours avant d’accomplir
les 6 mois au travail qui lui auraient garanti un emploi stable.
Jomar
qui travaille une semaine de jour et une semaine de nuit sent le
poids d’un travail dîner fatigant et se demande : Jusques à quand
vais-je tenir ie coup ? Il attend ses vacances en octobre » mais il a
en même temps la préoccupation d’être licencié avant de commencer
ses vacances.
En
août, Gil pouvait écrire : Ce matin, 4 h 45 debout, et vite au
boulot. Je viens de terminer ma première journée de travail "en
usine" au Brésil, "graças a Deus". Qu’il me garde là
tout le temps qu’il voudra. Je commence avec un salaire minimum de la
catégorie "ébéniste", c’est de 50.000, cruzeiros (78,50
S U.S.) par mois. Pour un débutant, c’est très bien. J’espère que
ce jour sera suivi par beaucoup d’autres ; et Gaspard ajoute : C’est
une grande joie pour nous de voir Gil au travail !
Comment
ne pas penser, chers amis, à la première phrase de Gaudium et Spes :
« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des
hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui
souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les
angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment
humain qui ne trouve écho dans leur cœur ».
Ce
que
beaucoup
de gens d’aujourd’hui sentent et vivent, les frères de la MOPP
sentent et vivent aussi. J’aimerais pouvoir
raconter seulement
des joies et des espoirs et je ne désire pas que la vie de mes
frères soit pleine de
tristesses et
d’angoisses.
Cependant,
je peux rendre grâce au Seigneur aussi avec Agostinho, non parce que
je suis content de le voir de nouveau au chômage, mais parce qu’il
partage vraiment le sort de tant de pères de famille. C’est ce que
nous appelons ’vivre en communauté de destin" avec les ouvriers
et leurs familles qui nous entourent. Et c’est une condition pour
l’annonce de l’Évangile.
Inspiré
par l’expérience du Père Lebret, Jacques a montré ce que cela veut
dire : "C’est uniquement par la prise en charge des hommes, la
plongée dans le bain, qu’on montrera l’authenticité de sa vie et du
don de soi aux autres". (Vous serez mes disciples, p.95) "À
l’origine et au cœur de l’action du Père Lebret, il y a la
miséricorde évangélique. Se faire des entrailles de miséricorde.
Pour lui, la miséricorde consiste à vivre en communion avec les
hommes, à devenir l’un deux, à faire entrer leur misère dans son
propre cœur." (p. 94)