Lui, il faut qu’Il grandisse et moi, que je diminue.
Dominique Boissarie 1931-2008
Dominique Boissaire, de Ayros en 1931 à Lourdes, le jour de Pâques 2008, une vie passée presque toute dans le Sud de la France pour vivre avec les plus pauvres des travailleurs et avec le désir d’être avec son Seigneur...
Son dernier billet aux frères le 15 mars 2008 
Chers
frères, A
chacun de vous, je souhaite une très belle fête de Pâques dans la
joie et l’espérance. Pour cela lisez absolument l’article de
Bruno Forte dans la documentations Catholique. Je trouve que c’est
remarquable (c’est un copain de Nico) L’avenir du christianisme
est vraiment là. Il me tarde de vous retrouver. Je
vous embrasse. Dominique.
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1973 - Envoyé par le Conseil à Milan pour accompagner le départ de l’équipe
de Bollate il trouve le temps pour écrire son Itinéraire à la mopp
1964 - Missionnaire au travail dans le bâtiment à Toulouse :
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Témoignage de Jean Claude Briand, Toulouse 28 mars 2008
"C’est
une vielle et profonde amitié qui me lie à Dominique : Nous
avons été scout ensemble à Bordeaux en 47 et nous nous sommes
retrouvés dix ans plus tard à l’abbaye de Cîteaux en juillet 57
pour rentrer à la Mission qui en était dans ses tous premiers
débuts.
Dominique
et moi, nous avons donc fait notre noviciat à Toulouse sous la
houlette de Jacques Loew rue Mérens dans le quartier de Bourrassol.
Je travaillais comme ajusteur dans l’aviation chez Latécoère et
Fouga et Dominique comme manœuvre à l’ONIA, ancienne AZF. Nous
avons appris ensemble le décès de son Père à Sarlat, quand nous
étions en retraite à En Calcat pendant la semaine Sainte de 1961.
Cet événement douloureux avait été précédé du décès de son
frère aîné Christian, durant la guerre d’Algérie. Cela nous a
beaucoup rapprochés. Bien d’autres événement douloureux
suivirent et touchèrent profondément sa famille.
Après
avoir fait nos études de théologie ensemble chez les Dominicains de
Toulouse, en 63, Dominique a suivi un cours de Formation
Professionnelle pour Adultes : charpentier coffreur. Il a ensuite
travaillé pendant 25 ans dans cette profession très fatigante. Dominique
à fait ses vœux, ses engagements définitifs à la MOPP le 15 Août
1966 à Cîteaux. Je les ai faits un an plus tard à Port de Bouc.
Nos
lieux de mission ont été bien différents, Dominique est resté sur
Toulouse. La MOPP m’a envoyé au Brésil et ce n’est qu’après
35 ans de Brésil que nous nous sommes retrouvés sur la paroisse
Saint François d’Assise. Pour rappeler nos souvenirs, je
l’appelais Philippe, car il était connu sous ce prénom par ses
camarades de travail : c’est le nom de son état civil.
Il
a voulu que ce soit moi qui l’aide à déménager de Toulouse à
Lourdes à la maison Saint Thomas d’Aquin, où il a toujours aimé
venir près de la Vierge et de ses racines familiales. C’est
un vieil ami, compagnon de route et de la Mission qui ne nous quitte
pas, ni dans son affection, ni dans sa prière constante. A
bientôt Philippe !
Témoignage de Pierre Fricot, le 28 mars,
J’ai connu
Dominique dès son arrivée à la MOPP, début septembre 1962. j’ai
fait équipe avec lui à partir de septembre 1970 jusqu’en 1992.
De 1962 à 1969,
Dominique a fait partie de l’équipe qui était au Sauzelongue,
d’abord dans une baraque avec chapelle, puis à la paroisse Notre
Dame d’Espérance qu’ils ont fondée. L’équipe se composait de deux
prêtres, Jean Marie Mazeran et Tonio Novalès ; et de deux
missionnaires au travail : Louis Carrier et Dominique. En 69-70,
Dominique a fait une année sabbatique à Fribourg, puis ce fut de
nouveau Toulouse : La Caravelle, (boulevard de Suisse), la tour (aux
Minimes) et la rue Caffarelli, (près de la gare). Avec un intervalle
de deux ans où il est allé à Milan aider les italiens à démarrer
l’équipe de Bollate.
Ce fut une longue
période d’enfouissement, d’insertion dans le monde du travail, dans
une grande fidélité à la prière. Entre 62 et 67, il faisait 60
heures de travail par semaine dans le bâtiment. Sociologue et
psychologue en même temps que missionnaire : La Bible dans une main,
et la Dépêche du Midi dans l’autre, il a rassemblé beaucoup de
notes et a été très marqué par Mai 68.
Puis ce fut la
découverte de la liturgie orientale à l’abbaye d’Aubazine, et la
redécouverte de la liturgie romaine avec ce slogan : "Pas
seulement apporter sa vie à l’eucharistie, mais devenir eucharistie
dans sa vie." Il a beaucoup vécu
l’affrontement au mal social et individuel car il a connu de nombreux
décès dans sa famille proche, et souffert du mépris dans la vie de
travail.
Cela entraîna pour lui une longue période de déprime
qu’il surmonta et dépassa par l’appel au diaconat, et la mystique du
"Serviteur".
Témoignage de Gilbert Ménégaux :
En septembre 1990,
Pierre Fricot, Dominique et moi-même, avons pris en charge la
paroisse Saint François d’Assise à Toulouse. Dominique était alors
diacre permanent depuis 1979 sur proposition de Mgr. Collini. Il fut
le premier diacre permanent du diocèse. En 1990, il était
en pré-retraite, et Pierre Fricot au chômage. Pierre n’est resté
que trois ans à Saint François d’Assise, et il a été remplacé
par Christian Vallette, devenu depuis 12 ans curé de la paroisse
Sainte Claire. Pendant 15 ans,
Dominique et moi, avons constitué l’équipe de Saint François ;
vivants d’abord en un tandem prêtre/diacre que les gens appréciaient
d’autant plus que dans les célébrations, nous mettions beaucoup en
valeur le rôle du diacre comme intermédiaire entre le prêtre et
l’assemblée.
Quand ils étaient
à la rue Caffarelli, Claire Patier, Pierre Fricot et Dominique,
avaient créé le Centre de Formation saints Pierre et Paul (une
petite Ecole de la Foi). Lorsque Claire et Pierre ont quitté
Toulouse, Dominique a continué à animer avec quelques laïcs ce
centre de formation qui s’est déplacé à Saint François et qui a
duré une quinzaine d’années. Bien des personnes y sont passées. Dominique a aussi
accompagné une équipe des Foyers Notre Dame.
Il a joué un rôle
important dans l’accueil des nouveaux arrivants sur la paroisse, de
plus en plus nombreux. A chaque messe du dimanche, il repérait et
notait leurs noms et les mettait en lien. Il a ainsi contribué à
créer une communauté fraternelle. Il aimait les
familles et les enfants qui l’aimaient bien eux aussi.
Peu à peu, il a
pris conscience qu’au fond, depuis son enfance, sa vocation profonde
était d’être prêtre. Il en a fait la demande au Conseil de la MOPP
et à Mgr. Marcus qui ont accepté du fait de son parcours original,
puisqu’il avait renoncé à être prêtre au moment de l’arrêt des
prêtres ouvriers, pour rester missionnaire au travail dans la vie
consacrée. Il a donc été ordonné prêtre le 6 mai 2001 : à 70
ans, "jeune prêtre, sinon prêtre jeune, du 21ème
siècle", comme il disait. Il a exercé ce
ministère jusqu’à sa venue ici à la maison Saint Thomas d’Aquin en
janvier 2007. En plus de
l’eucharistie, qui pour lui était essentielle, le ministère qu’il a
le plus exercé, avec joie, et déjà comme diacre, c’est celui du
baptême des petits enfants. Il avait beaucoup
de peine à célébrer les obsèques ; ce que nous comprenions vu
tous les deuils qu’il avait vécus dans sa famille, comme vous le
savez.
Il est venu à
Lourdes parce qu’il est né tout près de Lourdes à Ayros-Bouix, et
que depuis longtemps, il venait en retraite-repos tous les mois de
juillet en cette maisons bâtie sur un terrain donné par son arrière
grand-père, le docteur Boissarie. Il était déjà
fatigué et malade depuis 2 ans, et malgré tous les soins reçus à
la maison saint Thomas d’Aquin, malgré les visites occasionnelles de
sa famille et d’amis qui venaient surtout de Toulouse, et d’équipiers
de la MOPP, son équipe et les amis de Toulouse lui manquaient
beaucoup et il en souffrait. Heureusement, il a
toujours beaucoup aimé lire, et des livres de fond, surtout sur la
vie de l’Église. Il a aussi beaucoup prié à la chapelle de la
maison de retraite et dans sa chambre, avec le chapelet en
particulier. Il priait pour tous ceux qu’il avait rencontrés dans sa
vie. Nous ne doutons
pas qu’il continue près du Seigneur. Nous l’en remercions et nous
rendons grâces pour ce que le Seigneur lui a fait vivre au milieu de
nous.